Novaciéries

Un projet de reconversion mixte faisant cohabiter industries et loisirs

La vocation industrielle de Saint-Chamond remonte au début du XIXe siècle, avec les activités de forge le long du Gier. Le site Novaciéries y occupait déjà une place centrale, le développement de la ville se faisant autour du site industriel. Il accueillait à la fois des forges, puis des industries d’usinage et une activité sidérurgique.

Dès les années 1970, cette zone, comme beaucoup en France, est fortement impactée par la crise industrielle. En 2010, 80 % du site sont en friche. Malgré tout, des industriels perdurent et continuent leur développement. Notamment ArcelorMittal, qui poursuit sa production de tôles d’acier allié ou inoxydable, accompagné des PME locales spécialisées dans cette filière. Alors qu’une grande partie des 45 hectares se transforme en friche, un noyau d’entreprises encore présentes et soudées par des relations industrielles, rend impossible leur délocalisation pour un projet global de reconversion. Restant sur le site Novaciéries, ces entreprises industrielles constituent alors une véritable opportunité de développer un projet différent et innovant dans la manière d’intégrer les bâtiments industriels au territoire.

En s’appuyant sur cet héritage industriel, l’objectif, pour les collectivités locales, est de maintenir les activités de production existantes, tout en convertissant les espaces en friche en faveur d’un site mixte inséré dans la trame urbaine. Cela se traduit, en particulier, par le renforcement des activités industrielles et économiques, le retour de l’ensemble des fonctions urbaines (commerces, loisirs, logements et espaces publics), des espaces de circulation intérieurs, ainsi que la préservation et la valorisation du patrimoine architectural et paysager.

Joseph Perreton, Directeur de CAP Métropole

La création d’un site mixte, une plus-value pour les industriels et les habitants

En lançant le projet de reconversion du site Novaciéries, en 2013, Cap Métropole s’est engagé à conserver et rénover certains des locaux à destination d’entreprises industrielles au cœur de la ville, au moment où le nombre de zones d’activités extérieures explose. Le projet ambitionne de transformer certaines halles industrielles en équipements ouverts au public (commerces, restaurants, cinéma). En misant ainsi sur une mixité d’usages pour le futur du site, les collectivités ont pris le risque de faire cohabiter des fonctions et des usagers qui négligeaient leurs relations depuis plus de 30 ans.

Pour faciliter cette cohabitation, voire ouvrir aux interactions douces, Cap Métropole projette l’aménagement d’un important parc urbain, la mise en lumière des locaux industriels, le partage de parking pour les différents usagers et l’organisation d’évènements culturels et sportifs valorisant cette atmosphère industrielle assumée.

À la fin des années 1980-1990, la proximité contrainte entre les habitants et les entreprises industrielles contribuait à dévaloriser les activités productives. L’industrie, à cette époque, subissait une détérioration de son image ; elle était alors qualifiée de « bruyante et génératrice de nuisances » et se retrouvait délaissée par la ville et ses habitants. Avec le projet Novaciéries, cette proximité offre des opportunités de revaloriser l’image de l’industrie. Cette dernière est désormais perçue comme un vivier de métiers et de savoir-faire, représentant de vraies richesses patrimoniales sur le seul site de Novaciéries. Ce projet de reconversion mixte tisse à nouveau des liens physiques et affectifs entre les entreprises locales et le territoire. Il a fait naître chez les habitants de Saint-Chamond un nouveau regard, plutôt fier, sur ce qu’est l’industrie d’aujourd’hui et sur leur ville.

La mixité fonctionnelle de la ZAC représente une plus-value pour les responsables d’entreprise. Alors que de nombreux industriels soulignent la difficulté de recrutement à laquelle ils font face, la proximité avec la ville, et donc avec les réseaux de transport, facilite le recrutement d’une main-d'œuvre qualifiée. Une distance domicile-travail réduite et des espaces de services (commerces, équipements scolaires, etc.) proches améliorent les conditions de travail des employés et rendent donc les entreprises plus attractives sur le marché de l’emploi. L’implantation au sein de ce site industriel ouvert sur la ville de Saint-Chamond, au cœur d’un parc urbain, offre également une nouvelle image des industriels, plus durable, rassurante et saine auprès des investisseurs et des clients des industriels.

Après plus de 10 ans d'existence, la ZAC Novaciéries poursuit son développement

Avec aujourd’hui plus de 80 entreprises présentes (entre commerces, entreprises tertiaires et industries) et environ 1 500 emplois, le site Novaciéries représente un véritable poumon de l’économie locale, qu’il a largement redynamisée.

Le partenariat entre la Métropole, la Ville de Saint-Chamond, les opérateurs fonciers (Epora) et d’aménagement (CapMétropole) ; les financeurs (l’Union européenne, l’état, notamment à travers le plan de relance, la Région Auvergne- Rhône-Alpes, l’ADEME, le Département de la Loire) et les acteurs économiques du territoire a favorisé le déploiement et le bon fonctionnement de cette
ZAC mixte.

Aujourd’hui, le développement du site Novaciéries reste d’actualité puisque des espaces en friche sont toujours disponibles.

La halle 14, cathédrale industrielle de près de 10 000 m², fait l’objet d’études complètes et ambitieuses pour envisager sa reconversion économique au profit des filières performantes sur le territoire.
Le site de l’ancienne halle 06, détruite du fait de sa vétusté, accueillera en 2025 une unité de production textile de luxe de 2 000 à 3 000 m², Novasoie. L’implantation de ce projet privé dédié à la filière textile (différente de l’écosystème déjà en place sur le site) n’est pas étrangère à l’histoire de la vallée du Gier, où l’industrie textile occupait une place dominante au XXe siècle. L’entreprise met en avant plusieurs motifs pour expliquer ce choix d’implantation. Celui, d’abord, de bâtir en milieu urbain, sur une emprise déjà artificialisée à une époque où trouver du foncier industriel avec une bonne connexion aux transports est plus complexe. Celui, aussi, de valoriser l’image du projet et de faciliter le recrutement de main-d'œuvre.
Saint-Étienne Métropole, la Ville de Saint-Chamond et Cap Métropole œuvrent, par ailleurs, pour l’implantation audacieuse d’un musée des arts urbains et du street art au sein de la halle 07 sur près d’un hectare, tandis qu’une réflexion est engagée pour la création d’une Cité de la mémoire industrielle.

Comme le précisent Jean-Luc Degraix (Vice-Président de Saint-Étienne Métropole et adjoint à l’urbanisme de Saint-Chamond) et Régis Cadegros (premier adjoint de la commune de Saint-Chamond), les différents usages continuent d’être l’un des grands enjeux du site et le retour d’expérience ne fait qu’encourager cette direction : développer un quartier multifonctionnel ouvert sur l’ensemble du territoire.